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Le rapport réalisé par la Commission des systèmes de santé de haute qualité à l’ère des ODD de Lancet Global Health, publié en septembre dernier, confirme notre point de vue en montrant clairement que la stratégie de la couverture santé universelle ne suffit pas pour améliorer la santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Des prestations de santé de bonne qualité sont essentielles pour faire progresser durablement les résultats en matière de santé et pour concrétiser pleinement le droit humain à la santé.
Ce rapport, intitulé « Time for a Quality Revolution » (Le moment de la révolution de la qualité est venu) souligne l’importance de disposer de systèmes de santé solides et rappelle que les gouvernements doivent investir dans la conception et l’élaboration de systèmes de santé centrés sur la personne qui dispensent des soins de qualité efficaces et sans risque.
Cette perspective réaffirme certains des points de vue exprimés conjointement en juillet dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Dans le document « Delivering quality health services A global imperative for universal health coverage » (Dispenser des services de santé de qualité – Un impératif mondial pour assurer une couverture santé universelle), les trois organisations internationales ont noté qu’un « meilleur accès aux soins sans prêter attention à leur qualité ne permettrait pas de parvenir aux résultats de santé souhaités pour la population ».
Les trois organisations estiment par ailleurs que « des soins de santé de haute qualité, sans risque et centrés sur la personne constituent un bien public qui doit être garanti à tous les citoyen-ne-s », en insistant sur le fait que la qualité des soins est la pierre angulaire des soins de santé centrés sur la personne.
C’est une position que l’Internationale des Services Publics et ses affiliés, partout dans le monde, défendent depuis des années, face aux réformes dictées par les institutions financières internationales, qui affaiblissent les capacités des systèmes de santé déjà fragiles. Nous avons toujours plaidé en faveur d’un accès universel aux services de santé de qualité. Aussi, l’ISP rappelle-t-elle sans cesse ce qui paraît pourtant évident : cet objectif est possible, à condition qu’il s’agisse de soins de santé publics universels.
Les gouvernements doivent procéder à une réforme en profondeur pour mener à bien la révolution de la qualité dans le secteur de la santé. Il existe d’ailleurs un consensus de toutes les parties prenantes du secteur social et de santé, y compris l’ISP. Mais lorsqu’il est annoncé, comme dans la Déclaration Bellagio sur les systèmes de santé de haute qualité, que « ces réformes devront impérativement intégrer le secteur de santé privé et d’autres secteurs pour porter leurs fruits », l’apparente vérité prend une tournure inquiétante.
La question ne repose pas tant sur la participation du secteur privé que sur la manière de le faire participer. L’ISP représente des affiliés dans le secteur privé. Il ne serait peut-être pas réaliste de renoncer à un certain niveau de participation du secteur privé dans la prestation des soins de santé, mais il est indispensable que les acteurs privés considèrent la santé comme un droit fondamental pour toutes les personnes, en théorie comme en pratique. Par conséquent, il faut prendre conscience du fait que les soins de santé ne sont pas une marchandise, même lorsqu’ils sont dispensés par des prestataires privés. Il est nécessaire de mettre fin à la marchandisation des services de santé, afin que la santé de qualité soit universellement accessible.
À partir des années 1980, sous la forme d’initiatives de financement privé puis, ultérieurement, avec d’autres types de partenariats public-privé (PPP), la participation du secteur privé dans les services publics de santé, notamment par le biais de l’externalisation des services et du personnel, a favorisé la crise de la qualité que nous traversons aujourd’hui.
Les entreprises pharmaceutiques et les caisses d’assurance maladie, qui sont des géants du secteur privé, de même que les entreprises mondiales de santé et de services sociaux, ont absorbé des milliards de dollars, qui auraient pu être investis pour dispenser des services publics de santé de qualité, sous forme de prestations – largement au-delà de ce qui pourrait être légitimement considéré comme des bénéfices. Par ailleurs, de nombreuses entreprises multinationales de santé ont recouru à l’évasion fiscale.
De surcroît, le prix des soins de qualité dispensés par des prestataires privés est hors de portée pour la grande majorité de la population, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La seule manière dont les citoyen-ne-s de ces pays pourraient accéder à des soins de santé de qualité est de laisser les gouvernements contrôler le processus.
Comme je l’ai dit au moment de la publication du rapport :
La santé est un droit humain fondamental. La responsabilité de veiller à ce que toute femme, tout homme et enfant bénéficie de soins de santé de qualité repose directement sur les gouvernements. Il est préoccupant de constater, comme l’a observé la Commission du Lancet Global Health, que huit millions de personnes meurent chaque année du fait de la mauvaise qualité des soins. C’est pourquoi nous devons aller plus loin que la perspective dominante de la couverture santé universelle.
Partout dans le monde, les gouvernements sont confrontés à la difficulté de placer le peuple au-dessus du profit. Or, normalement, cela ne devrait pas présenter de problème, parce que les gouvernements devraient être au service de la population et non des intérêts commerciaux. Mais l’influence discutable des entreprises multinationales sur les gouvernements et les processus décisionnels des organisations internationales multilatérales est devenue omniprésente dans la redéfinition d’objectifs par ailleurs ambitieux. « La couverture santé universelle », par exemple, ne s’est pas traduite par un accès universel à la santé de qualité.
Les gouvernements doivent investir suffisamment dans les systèmes publics de santé, et promouvoir un dialogue social tripartite concerté dans le secteur de la santé, comme convenu dans Working for Health: Five-Year Action Plan (Travailler pour la santé : Plan d’action de cinq ans). Ils doivent également s’assurer que les prestataires de soins du secteur privé respectent les normes de qualité en termes de prestation de service et de conditions de travail des personnels de santé.
L’Internationale des Services Publics et ses affiliés entendent continuer à défendre les soins de santé publics de qualité universels. Nous travaillerons avec les gouvernements, les organisations internationales et les organisations de la société civile pour veiller à ce que l’avenir de la santé soit véritablement centré sur la personne. Ainsi, nous construirons les fondations d’un monde meilleur et en meilleure santé, comme le prévoient les Objectifs de développement durable.