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Des systèmes de santé faibles responsables de la crise Ebola au Liberia

17 Mars 2016
Le Liberia a été le troisième pays frappé par la crise Ebola en 2014-2015. Plus de 10 000 cas et près de 5 000 décès ont été dénombrés sur son territoire. Les travailleurs/euses de la santé ont tout particulièrement été durement touché(e)s par ce fléau, non seulement parce qu’ils/elles ont manqué d’équipement de protection individuelle, de médicaments et de matériel, mais aussi parce qu’ils/elles ne disposaient pas des connaissances nécessaires sur la maladie.

Avant la crise Ebola, le secteur de la santé du Liberia était sous-financé et manquait cruellement de ressources. Ainsi, le pays ne comptait que trois travailleurs/euses de la santé pour 10 000 habitant(e)s, soit un chiffre bien inférieur à ce que l’Organisation internationale du Travail (OIT) préconise pour un système de soins de santé adéquat (41 travailleurs/euses de la santé pour 10 000 personnes).

Heureusement pour les trois pays touchés par le virus, la communauté internationale a décidé d’intervenir et désormais, à l’heure où la période d’urgence touche à sa fin, le personnel peut compter sur un grand nombre d’équipements de contrôle et de prévention des infections. Il s’avère crucial de pouvoir s’appuyer en permanence sur de telles quantités d’équipements disponibles, afin d’éviter que la communauté des travailleurs/euses de la santé et l’ensemble de la population n’affichent de nouveau un bilan aussi tragique. Les travailleurs/euses de la santé doivent encore suivre des formations et perfectionner en permanence leurs connaissances sur les possibilités de maîtriser l’épidémie de la maladie à virus Ebola, auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires, en vue de pouvoir mener à bien leur mission de façon optimale.

Cependant, les travailleurs/euses qui s’occupent des malades à travers le pays n’ont personne pour prendre soin d’eux/elles.

Des milliers de travailleurs/euses de la santé volontaires, au service de la nation depuis de nombreuses années, continuent de travailler gratuitement. Ces professionnel(le)s n’ont aucune sécurité de l’emploi et ne peuvent bénéficier ni de la sécurité sociale, ni des régimes de pension, ni des prestations médicales ou de décès. Pourtant, ils/elles font le même travail et assument les mêmes responsabilités que les travailleurs/euses qui bénéficient d’un contrat de travail officiel.

Le système de santé connaît une pénurie de personnel, et les syndicats du secteur de la santé du pays mènent un combat acharné en vue d’obtenir avant tout un statut officiel pour ces travailleurs/euses volontaires. En outre, les syndicats plaident en faveur de salaires décents, du versement d’une prime de risque, ainsi que de formations et d’équipements de protection appropriés pour les travailleurs/euses de la santé actuellement en fonction. Ces dix dernières années, aucun(e) travailleur/euse des services publics de santé n’a reçu un quelconque vaccin, et aucun service en charge de la santé et de la sécurité au travail n’a été mis en place sur les lieux de travail.

Si le Liberia a ratifié la Convention n°98 de l’OIT sur le droit d’organisation, les syndicats font toutefois couramment l’objet d’actes de répression et d’intimidation. En outre, les employé(e)s du secteur public n’ont toujours pas le droit de s’affilier à un syndicat. L’Association nationale des travailleurs de la santé du Liberia (National Health Workers’ Association of Liberia, NAHWAL), qui représente les travailleurs/euses de la santé du secteur public, n’a pas pu recevoir d’accréditation syndicale et n’est toujours pas reconnue par son gouvernement, alors qu’elle a entrepris toutes les démarches nécessaires et a payé ses droits d’enregistrement en tant que syndicat deux années de suite. Par conséquent, les syndicats de travailleurs/euses de la santé ne sont jamais consultés par le gouvernement.

En février 2014, 22 dirigeant(e)s syndicaux/ales du pays ont été injustement licencié(e)s par le ministre de la Santé du Liberia, à la suite d’une grève nationale visant à protester contre les conditions de travail et le manque d’équipements de protection et de médicaments. Si vingt d’entre eux ont pu réintégrer leurs fonctions depuis lors, le Président de la NAHWAL, Joseph S. Tamba, ainsi que son Secrétaire général, George Poe Williams, n’ont toutefois pas encore pu reprendre leur travail. L’une des 22 dirigeant(e)s licencié(e)s, Martha C. Morris, Chef de département pour le Comté de Bong, a finalement pu réintégrer ses fonctions après avoir été privée de rémunération pendant 8 mois. Elle a cependant été de nouveau démise de ses fonctions après avoir ouvertement remis en question les conditions de travail et les salaires du personnel des unités de traitement contre Ebola. En outre, le gouvernement ne lui a jamais remboursé les 8 mois de salaire non perçus. Un autre dirigeant de la NAHWAL, Borris Grupee, du Comté de River Cess, a été muté dans un village isolé, et n’est dès lors plus en mesure de superviser les activités de la NAHWAL dans ce comté.

Ces licenciements arbitraires dont ont été victimes les dirigeant(e)s syndicaux/ales intimident les travailleurs/euses qui ne bénéficient d’aucune sécurité de l’emploi. En outre, de nombreux/euses membres des syndicats redoutent d’être associé(e)s à leur organisation.

En février et en octobre 2014, après une série de grèves des travailleurs/euses de la santé, le gouvernement a engagé des travailleurs/euses sans expérience – certain(e)s n’étant même pas des professionnel(le)s de la santé – en leur promettant trois fois le salaire habituel et en menaçant de licenciement celles et ceux qui ne venaient pas travailler. Nombre d’entre eux/elles n’ont même pas été payé(e)s du tout.

Malgré l’accord conclu le 9 août 2014 entre Ellen Johnson Sirleaf, la Présidente du pays, et les syndicats de travailleurs/euses de la santé, les travailleurs/euses n’ont pas tou(te)s reçu leur prime de risque liée à l’épidémie d’Ebola. De nombreux/euses travailleurs/euses de la santé du secteur public n’ont reçu qu’une partie de la somme qui leur avait été promise, tandis que dans le secteur privé, rares sont ceux/celles à avoir reçu le moindre paiement. Au manque d’indemnisation financière appropriée viennent s’ajouter des erreurs administratives, qui ont engendré des retards dans les paiements des salaires, et ce, tout particulièrement dans les zones difficiles d’accès.

Tant le syndicat du secteur public, la NAHWAL, que son équivalent du secteur privé, l’Association nationale des travailleurs de la santé du secteur privé du Liberia (National Private Sector Health Workers’ Union of Liberia, NPSHWUL) s’inquiètent d’entendre le gouvernement affirmer que l’ensemble des travailleurs/euses des services publics de santé, du personnel chargé de retrouver toute personne en contact avec une victime d’Ebola, de même que tou(te)s les membres des équipes d’intervention ont été payé(e)s.

Les syndicats souhaitent connaître le nombre exact de prestataires de soins de santé qui ont véritablement reçu leur salaire. Ils exigent par ailleurs la création d’un organisme neutre, composé de représentant(e)s du gouvernement et des travailleurs/euses, qui validerait ces chiffres. Les syndicats réclament également un allongement des délais de dépôt de plainte, le temps que l’information parvienne aux habitant(e)s des zones difficiles d’accès, qu’ils/elles puissent réagir et que les travailleurs/euses de la santé du secteur privé puissent vérifier qu’ils/elles ont bien été payé(e)s.

Pour de plus amples informations, veuillez consulter le communiqué de presse de la NAHWAL (version PDF, en anglais)

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