We've moved to a new site!

Join us at publicservices.international - for all the latest news, resources and struggles from around the world.

We are no longer updating world-psi.org and it will be progressively phased out: all content will be migrated to the new site and old links will redirect eventually.

Le gouvernement sur le point de réformer le système de santé au Kenya

28 Avril 2019
Sicily Kariuk, secrétaire du ministre de la santé et James Wambugu, responsable du panel d'experts.
Le Fonds national d'assurance hospitalière du Kenya fait face à une réforme et le gouvernement a demandé à un panel indépendant d'expert-e-s de l'y aider. L'objectif est que le pays progresse vers une couverture de santé universelle. L'enjeu principal consiste à instaurer un système de santé public solide qui place le peuple au-dessus du profit.

Le gouvernement kenyan a demandé à un panel indépendant d'expert-e-s de l'aider à transformer et repositionner le Fonds national d'assurance hospitalière (NHIF). M. James Wambugu, ancien directeur d'une compagnie d'assurances, pilote ce panel. Ils disposent de 90 jours, à compter du 26 février, pour remettre un rapport qui guidera l'avancée du pays vers une couverture santé universelle (UHC).

Le NHIF a grand besoin de réforme et l'engagement du gouvernement dans l'UHC est louable. Mais établir un système de santé public solide doit être au cœur de tout processus de transformation pour proposer une santé de qualité pour tous et toutes au Kenya.

Le premier défi à relever concerne les coûts administratifs élevés pour gérer ce fonds. Cela représente 22 % des financements disponibles pour le NHIF, contre 2,7 % en moyenne pour le fonds d'assurance sociale dans son ensemble.

Plus inquiétant encore, ce sont les prestataires de santé privés qui en profitent le plus. Des membres du parlement kenyan ont souligné le fait que « les petits hôpitaux privés sont les plus grands bénéficiaires des millions du NHIF  ».

Entre juillet 2018 et le 25 février 2019, 1.266 établissements de santé privés et confessionnels ont perçu 2 milliards de shillings kenyans (US$ 19 848 300) de la part de ce fonds. Par comparaison, la somme touchée par les 5.751 hôpitaux publics a été de KSh 789 002 629 (US$ 7 830 170).

En moyenne, un prestataire privé a reçu US$ 15 678 de ce fonds, contre seulement US$ 1 361 pour un hôpital public (soit 9 % de la somme moyenne obtenue par un prestataire de santé privé).

Si l’on y ajoute le fait que la plupart des établissements privés sont bien plus petits que les hôpitaux publics, la différence de financement par patient-e est encore plus criante. Les prestigieuses institutions tertiaires de santé publique ne sont pas davantage épargnées.

Le National West Hospital, qui est le huitième plus grand hôpital privé du pays, a reçu KSh 147 362 358 (US$ 1 462 440). Alors que les deux principaux établissements publics du pays se sont vu attribuer seulement KSh 155 933 682 (US$ 1 547 510). Il s'agit du Kenyatta National Hospital, qui est le plus vieux et le plus grand hôpital du Kenya, également hôpital universitaire de Nairobi, ainsi que du Moi Teaching and Referral Hospital, qui a 113 ans.

Nous allons donc dans le sens de Mr Wambugu pour dire que « le gouvernement doit faire quelque chose » pour garantir une couverture santé universelle car « c'est de sa responsabilité ». Améliorer le financement public de la santé est désormais un besoin urgent. Par exemple, malgré la hausse croissante du budget alloué à la santé au fil des ans, le gouvernement national et les gouvernements régionaux n'ont dépensé en moyenne que 7,1 % pour la santé. C'est moitié moins que les 15 % d'engagement budgétaire pris par les chefs d'Etat et de gouvernements africains en 2001 dans la Déclaration d'Abuja.

Il est aussi important d'arrêter d'enrichir des intérêts lucratifs comme ceux des compagnies d'assurance et des établissements de santé privés avec les fonds publics réservés à la santé, surtout quand l'immense majorité de la population n'utilisent que les établissements publics.

Un système de santé public correctement financé est le préalable à la santé pour tous. Le public doit pouvoir participer activement à la gouvernance du système de santé public afin d'en assurer la transparence et le fonctionnement démocratique.

Nous saluons les mots de Mme Sicily Kariuki, secrétaire du ministre de la santé, qui a déclaré, en inaugurant le panel, que le gouvernement « s'assurera que le processus de réforme débouche sur le plus haut niveau possible de participation publique ». Les affiliés de l'ISP au Kenya vont s'engager dans ce processus, dans le respect des objectifs de la Campagne pour une santé publique pour tous en Afrique de l'Est, lancée en mai dernier à Nairobi. Ils vont en appeler à une « démarche fondée sur les droits de l'homme pour viser une couverture santé universelle » qui place le peuple au-dessus du profit pour réformer le NHIF en particulier, et le système de santé national du Kenya en général.

Voir aussi