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Seul(e)s des travailleurs/euses en sécurité peuvent sauver des vies

10 Décembre 2014
Alors que le taux de mortalité des travailleurs/euses qui œuvrent sans relâche afin de sauver des vies et de lutter contre l'Ebola demeure à un niveau inacceptable, les syndicats de la santé font état d'un niveau de préparation extrêmement faible dans le cas où Ebola viendrait à s'étendre.

Les syndicats représentant les travailleurs/euses du secteur de la santé d'Afrique de l'Ouest et de la région plus élargie ont relaté un niveau de préparation particulièrement faible si l’EVD venait à se propager au-delà de la zone actuellement concernée. En outre, dans la plupart des pays frappés par la flambée du virus, à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, un nombre inacceptable de travailleurs/euses œuvrant en vue de sauver des vies et de lutter contre l’EVD, continuent de mourir chaque jour.

Telles étaient les conclusions de la conférence régionale « Seul(e)s des travailleurs/euses en sécurité peuvent sauver des vies », sur le thème de l'EVD et des travailleurs/euses du secteur de la santé, organisée par l'Internationale des Services Publics (ISP) et le réseau des syndicats de la santé de l'Afrique de l'Ouest (WAHSUN) les 27 et 28 novembre 2014 derniers, à Accra, au Ghana. Il s'agit de la première conférence syndicale internationale se penchant sur l'EVD.

Peters Adeyemi, l'un des Vice-présidents de l’ISP pour l'Afrique et les Pays arabes, a ouvert la conférence en lançant un appel au souvenir des plus de 350 travailleurs/euses des services de santé ayant péri à ce jour en luttant contre la pandémie.

Ansu Rashid Kallon, Secrétaire général du syndicat des travailleurs/euses de la santé de Sierra Leone, un affilié de l'ISP, s'est exprimé via Internet lors de la conférence :

« Notre société traverse une crise majeure – et pas uniquement parce que nous ne disposons pas assez de services pour traiter les personnes infectées par l'EVD –, les services médicaux normaux ont été complètement interrompus dans la mesure où les seules personnes susceptibles de se rendre à l'hôpital sont ces mêmes personnes infectées par la maladie. La pénurie touche tous les domaines : les équipements de protection individuelle (EPI), le transport, la nourriture, ou encore le carburant. »

Depuis le début de la pandémie, Ebola a coûté la vie à plus de 170 travailleurs/euses de la santé.

Selon Ayuba Wabba, Président du syndicat nigérian des travailleurs/euses de la santé et des services médicaux (MHWUN) et du WAHSUN, « nous avons besoin de systèmes de santé publique solides. Trop d'éléments essentiels sur lesquels repose le système de santé ont été externalisés. Il est impossible d'externaliser la maîtrise de la maladie. »

Comrade Wabba a également fait observer que le confinement de l'EVD au Nigeria fut rendu possible grâce à un certain nombre de facteurs. Cependant, il convient de noter qu’à l'apparition du premier cas au Nigeria fin juillet, les syndicats locaux avaient déjà commencé à se mobiliser depuis le début du mois auprès des membres et du grand public sur la question de la préparation. De plus, mû par l’ampleur de cette agitation, le gouvernement a immédiatement réuni des ressources considérables en matière de santé publique et mis en place des mesures de confinement.

À l'occasion d'un sondage organisé lors de la conférence auprès de 14 syndicats du secteur de la santé d'Afrique centrale et de l'Ouest*, tous les pays ont relayé des problèmes au regard du manque d'accès aux EPI en général ou de la pénurie de personnel et de formation au sein de leurs systèmes de santé. Plus de la moitié des syndicats ont déclaré avoir été écartés des processus nationaux instaurés dans le cadre de la lutte contre l'EVD.

Selon David Dorkenoo, Secrétaire régional de l'ISP pour l'Afrique et les Pays arabes : « la réponse et les résultats s’avèrent plus faibles quand les syndicats ne sont pas intégrés aux stratégies nationales de préparation à l'EVD. Les syndicats du secteur de la santé représentent les travailleurs/euses qui se trouvent en première ligne du travail de préparation – ils savent que pour pouvoir effectuer leur travail correctement et sauver des vies, ils ont besoin de bonnes conditions de travail qui leur permettent d'accéder à toutes les ressources nécessaires. Et ce n'est qu'au sein d'un système de santé publique solide et efficace que ce souhait peut devenir réalité. »

Les syndicats présents lors de la conférence ont adopté la Stratégie d'intervention syndicale contre la maladie à virus Ebola (EVD) de l'ISP et approuvé le développement de plans d'action nationale axés sur l'amélioration des conditions de travail et des formations au sein du secteur de la santé et la promotion de l'expansion et du développement des systèmes de santé publique à travers la région. Les syndicats ont appelé l'ISP et le WAHSUN à exercer des pressions à l'échelle mondiale comme régionale dans l'intérêt des travailleurs/euses de la santé.

Thandeka Ritta Msibi, qui figure au nombre des Vice-présidents de l’ISP pour l'Afrique et les Pays arabes, a clos cette rencontre en remerciant l'ensemble des participant(e)s et en leur rappelant que « la santé n'est ni une marchandise, ni un privilège. C'est un droit dont tout un chacun doit pouvoir bénéficier au travers d'un système de santé publique universel. »

La conférence régionale ISP-WAHSUN a pu être organisée grâce au soutien des syndicats affiliés à l’ISP au Ghana (HSWU et GRNA), en Finlande (JHL et TEHY) et aux Pays-Bas (AbvaKabo), ainsi qu'à la solidarité des organisations telles que la FNV Mondiaal (Pays-Bas) et la SASK (Finlande).

* Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, République démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Leone et Togo

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