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Le gouvernement du Québec se targue de vouloir assainir les finances publiques et sa rigueur budgétaire s’est traduite en une réduction de l’offre de services publics à la population. Or, certaines dépenses de santé très couteuses échappent à son contrôle et devraient faire l’objet d’une attention particulière. L’adoption d’une nouvelle politique du médicament, basée sur une assurance médicaments entièrement publique, lui permettrait d’économiser annuellement de un à trois milliards de dollars.
L’ampleur de la croissance des couts des médicaments prescrits au Québec exerce une pression sur notre système de santé, qui ne peut plus durer. En 2014, ces couts atteignaient près de 7,7 milliards de dollars, soit 17 % des dépenses totales de santé. Le Québec occupait alors le deuxième rang mondial pour les dépenses en médicaments prescrits par habitant, tout juste derrière les États-Unis. Par ailleurs, le prix des médicaments est 30 % plus élevé au Québec et au Canada que dans la moyenne des pays développés. Avec la Suisse, ce sont les endroits où ils sont les plus chers au monde.
Le régime d’assurance médicaments hybride (public-privé) du Québec, mis en place en 1997, n’a que partiellement rempli ses promesses. Bien qu’il ait permis d’offrir une assurance à de nombreuses personnes ne bénéficiant alors d’aucune protection, il n’a pas su garantir à toutes et à tous un accès raisonnable et équitable à la thérapie médicamenteuse. C’est ce qu’a révélé, en mars 2015, la dernière étude du Commissaire à la santé et au bien-être. Actuellement, près de 12 % de la population québécoise ne pourrait se procurer ses médicaments d’ordonnance par manque de moyens financiers.
Force est d’admettre que ni le gouvernement du Québec ni les régimes privés d’assurance collective, qui couvrent près de 60 % de la population, n’ont réussi à établir un rapport de force face aux entreprises pharmaceutiques. Rappelons que les provinces canadiennes sont les seules parmi les pays développés à ne pas avoir intégré les médicaments à leur système public de santé. Or, dans les pays possédant une telle couverture (la France, le Royaume-Uni, la Suède, l’Australie et la Nouvelle-Zélande), les médicaments coutent de 16 % à 40 % moins cher qu’au Québec, et leur indexation annuelle est de deux à trois fois moins élevée.
En somme, la mise en place d’un régime 100 % public permettrait au gouvernement du Québec d’avoir un réel pouvoir de négociation auprès de l’industrie pharmaceutique et de réaliser des économies d’échelle grâce aux achats regroupés.
Plus de 420 organisations communautaires et syndicales, de même que de nombreux spécialistes de la santé, ont appuyé la campagne pour la mise en place d’une assurance médicaments entièrement publique lancée par l’Union des consommateurs en 2009. Or, le gouvernement du Québec est resté sourd aux propositions et aux revendications.
La Coalition Solidarité Santé a pris le relais dans ce dossier. Ce regroupement québécois d’organisations syndicales, communautaires et religieuses et de comités de citoyennes et citoyens œuvre sur de nombreux fronts pour défendre le droit à la santé de l’ensemble de la population québécoise, et ce, sans égard au statut ou au revenu des citoyennes et citoyens. La défense des grands principes qui constituent les pierres angulaires du réseau de santé et de services sociaux québécois depuis sa mise sur pied, à savoir le caractère public, la gratuité, l’accessibilité, l’universalité et l’intégralité, est à la base de toutes les interventions de cette coalition.
Pour les membres de la Coalition, le temps était venu d’augmenter la pression et d’interpeller la population qui est directement touchée, tant par les couts exorbitants des médicaments que par les mesures d’austérité affectant l’ensemble des services publics.
Cette campagne d’information et de mobilisation citoyenne vise à déconstruire le discours du gouvernement sur les finances publiques et à amener le gouvernement à mettre en place une assurance médicaments entièrement publique.
Sur le site http://remedeauxcoupures.cssante.com/, les personnes intéressées peuvent s’informer des principaux enjeux et signer la lettre d’appui qui est acheminée automatiquement (par voie électronique) au député de leur comté, copies conformes aux ministres et organisations concernés. Par cette campagne de lettres citoyennes, les élus locaux sont invités à interpeller le gouvernement du Québec afin qu’il adopte, sans tarder, une nouvelle politique du médicament basée sur un régime d’assurance médicaments entièrement public.
Le site Web très convivial présente :
Plus de 6 500 citoyennes et citoyens ont écrit à leur député provincial, et plus de 8 200 personnes ont signé la pétition sur Change.org initiée dans le cadre de la campagne. Plus de 85 % des personnes participantes souhaitent être informées des résultats et des suites de la campagne; certains députés, tout parti politique confondu, ont réagi et ont répondu à leurs concitoyennes et concitoyens; la Coalition Solidarité Santé a été invitée à participer à la commission parlementaire particulière sur le projet de loi no 81 visant à réduire le cout de certains médicaments couverts par le régime général d’assurance médicaments.
La Coalition a rencontré les membres du Comité santé du Parti québécois responsables d’alimenter la plateforme électorale du parti en vue des prochaines élections. Les enjeux de la campagne citoyenne y ont été largement discutés. La Coalition suit également de près les travaux du parti Québec Solidaire qui a déposé, jusqu’à maintenant, deux projets de loi sur la question, projets qui n’ont toutefois pas été appelés pour étude.
La campagne citoyenne se poursuit. Une deuxième phase sera lancée sous peu. De récents développements dans le reste du Canada nous indiquent un réel intérêt pour la mise en place d’un régime public. Au mois de mai 2016, le congrès du Parti libéral du Canada réuni, à Winnipeg, a adopté une résolution appuyant « officiellement un programme national et universel d’assurance médicaments comme priorité politique » . Le Comité permanent de la santé de la Chambre des Communes travaille depuis avril 2016 à l’élaboration d’un programme national d’assurance-médicaments.