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Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
La santé compte au nombre des principaux déterminants utilisés pour mesurer le développement économique et social d’une nation. En Tanzanie, la Constitution nationale érige la santé au rang de droit et non de privilège. En vertu de l’article (11) (1) de la Constitution,
« L’autorité de l’État doit prendre des dispositions appropriées pour assurer la réalisation du droit d’une personne au travail, à l’éducation et à la protection sociale au moment de la vieillesse, en cas de maladie ou d’invalidité et dans d’autres cas d’incapacité. Sans préjudice de ces droits, l’autorité de l’État doit prendre les mesures qui s’imposent pour garantir que chaque personne puisse subvenir à ses propres besoins ».
Le gouvernement tanzanien a pris certaines mesures visant à améliorer l’accès à la santé pour tous les citoyens et citoyennes, notamment à travers une augmentation du budget de 35 pour cent. Cependant, ces initiatives n’ont pas été suivies d’une amélioration des conditions de travail des agents qui fournissent des services de santé à la population. Les conditions régissant l’emploi dans ce secteur demeurent largement insuffisantes.
Les investissements publics se concentrent essentiellement sur les nouvelles infrastructures, alors que les professionnels de santé demandent à être mieux formés et à bénéficier d’une protection accrue en matière de sécurité et de santé et d’une hausse de leur rémunération.
Si on la compare à plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, la Tanzanie présente un ratio supérieur d’agents de santé pour 1 000 habitants, mais ce rapport reste faible. Cela s’explique en partie par le nombre restreint d’étudiant(e)s évoluant dans les centres hospitaliers et universitaires. Le gouvernement a augmenté les quotas d’inscription à des cursus de formation en santé, passant de 13 002 étudiant(e)s en 2015-2016 à 13 632 en 2016-2017.
Il a également œuvré en faveur d’une augmentation du nombre de nouveaux employé(e)s dans le secteur de la santé, dont le chiffre est passé de 7 471 à 9 345 en 2014 et poursuit encore aujourd’hui sa progression.
Cependant, les professionnels de santé sont nombreux à quitter le pays ou à se tourner vers d’autres secteurs en raison de facteurs tels que la rémunération médiocre et les piètres conditions de travail, qui ne permettent pas leur rétention.
Dans le cadre du Plan national pour la sécurité sanitaire 2017/2021, axé sur la lutte contre les maladies épidémiques de type Ebola, 110 agents de santé ont suivi une formation sur la question des maladies infectieuses épidémiques.
On déplore pourtant l’insuffisance des programmes d’immunisation et de vaccination, qui constituent le moyen le plus efficace pour lutter contre l’hépatite C et le virus Ebola. Les syndicats ont mis en relief la nécessité pour le gouvernement d’assurer lui aussi une formation en santé et en sécurité afin de protéger les agents de santé face aux risques et aux maladies auxquels ils s’exposent dans l’exercice de leur fonction, notamment dans le contexte de la maladie à virus Ebola, de l’hépatite B et C, du VIH/sida et d’autres maladies liées à leur activité professionnelle. L’Organisation internationale du Travail a publié une liste détaillée de mesures que doivent respecter les employeurs en matière de fourniture d’information, d’éducation, de formation et de protection, y compris la vaccination des travailleurs et travailleuses :
http://www.ilo.org/legacy/english/protection/safework/cis/products/safetytm/chemcode/09.htm
Pour le syndicat des agents de santé TUGHE, l’amélioration de la qualité de service dans le secteur de la santé et de la productivité à l’échelon national exige du gouvernement qu’il investisse davantage dans l’amélioration des conditions de travail et de la motivation du personnel. Ces efforts incluent : le soutien des agents de santé en mettant davantage l’accent sur la formation, en particulier la formation en cours d’emploi ; l’augmentation des effectifs dans le secteur de la santé ; et une rémunération plus attrayante afin d’accroître la motivation du personnel.
Le gouvernement doit reconnaître que les travailleurs/euses sont la principale ressource permettant de fournir des services de santé de qualité supérieure ; pour améliorer notre productivité, le gouvernement doit investir dans son personnel de santé en lui accordant une rémunération supérieure, des émoluments et d’autres leviers de motivation tels que la formation. Pour permettre un fonctionnement efficace et efficient du secteur de la santé, le gouvernement doit fournir aux travailleurs/euses les outils dont ils ont besoin.
Il convient d’améliorer et d’étendre les services d’assurance-maladie nationaux à l’ensemble de la population, indépendamment des revenus, de la contribution de chacun ou de sa situation économique. Le régime d’assurance maladie national doit donc être repensé afin de garantir une couverture universelle et une qualité accrue des services.
Dans le cadre plus vaste du mouvement de la société civile, les syndicats cherchent à mettre en œuvre des campagnes de promotion du droit à la santé et à la sécurité et de protection de l’environnement. Cet effort s’inscrit dans la droite ligne de la Campagne mondiale de l’Internationale des services publics en faveur du droit humain à la santé. En Tanzanie, la campagne s’intéressera notamment aux interventions des syndicats face au changement climatique, ainsi que l’a suggéré la stratégie nationale de 2012 sur les changements climatiques, de même qu’à la question de la propreté sur le lieu de travail dans l’optique de promouvoir une bonne hygiène en milieu professionnel.
Le secteur de la santé est un secteur clé pour le développement socio-économique du pays et constitue un moteur pour d’autres secteurs économiques. Le gouvernement doit reconnaître que le fait d’investir dans le personnel de santé permettra d’améliorer les conditions de vie non seulement des travailleurs et travailleuses eux-mêmes, mais aussi de la population en général.
Cet article est extrait de Bulletin d’information « Droit à la Santé », numéro 04 (avril/mai 2018). Abonnez-vous au bulletin. Envoyez-nous vos articles.