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Cette annonce intervient après la publication d’une enquête accablante, révélant que les structures à but lucratif obtenaient de moins bons résultats que les prisons publiques.
Lors de cette déclaration, la procureure générale adjointe Susan Yates a affirmé que les prisons privatisées « ne fournissaient tout simplement pas le même niveau de services, de programmes et de ressources correctionnels, sans pour autant que cela implique une réduction significative des coûts, [...] et qu’elles n’offraient pas le même niveau de sûreté et de sécurité ».
Cette annonce a provoqué une onde de choc dans le secteur, et a entraîné une chute de plus de 50 % du cours des actions des sociétés pénitentiaires privées, en dépit des pressions que ces dernières envisagent d’exercer pour faire annuler cette décision.
Cependant, les syndicats représentant les travailleurs/euses des services correctionnels ont prié le département de la Justice de modifier ses projets. « La gestion des prisons privées entache depuis longtemps le paysage judiciaire pénal américain. Les prisons privées ont tiré profit de la souffrance de nos communautés et ont ouvert la voie à une incarcération de masse », a déclaré Lee Saunders, le Président de la Fédération américaine des employé(e)s municipaux, administratifs et publics (American Federation of Municipal, Council and State Employees), qui représente environ 62 000 agents de correction et 23 000 employé(e)s correctionnel(le)s.
Le Président national de la Fédération américaine des employés du gouvernement (American Federation of Government Employees - AFGE), J. David Cox Sr. et le Président du Conseil des sections locales de la prison de AFGE, Eric Young ont déclaré: «nous sommes ravis que le département de la Justice a annoncé la fin de l'utilisation de prisons privées, et nous applaudissons le département de la Justice ».
« Ceci est une décision qui restreint les tentatives des intérêts privés pour corrompre le système judiciaire américain. Il s’agit en effet d’une victoire incroyable pour la justice sociale aux Etats-Unis », a affirmé Rosa Pavanelli, la Secrétaire générale de l’ISP.
Premier pays
C’est aux Etats-Unis que l’on enregistre le taux d’incarcération le plus élevé au monde – une situation qui résulte en partie des incitations biaisées créées par les prisons privatisées, dont les profits augmentent lorsque les peines sont plus longues et le taux d’incarcération plus élevé.
Ceci a ouvert la porte à la corruption : un responsable d’une prison privée a d’ailleurs récemment été condamné pour corruption sur un juge afin de l’encourager à envoyer davantage de jeunes dans ses infrastructures.
D’après les syndicats, cette annonce marque un tournant dans le débat plus large sur la privatisation.
« La décision du département de la Justice confirme ce que nous savons déjà sur la privatisation : elle ne permet pas de réaliser des économies, de fournir le même niveau de services, ni de garantir la justice sociale ou l’équité », a ajouté Mme Pavanelli.
Ces résultats ont été confirmés dans une récente étude de l’ISP révélant que les partenariats public-privé n’avaient jamais prouvé leur capacité à réaliser des économies ou à accroître l’efficacité, et qu’ils avaient au contraire favorisé les pratiques de corruption.
Si l’ISP tente depuis longtemps de contrer les efforts des Etats-Unis et d’autres pays pour promouvoir le modèle de privatisation des services au travers des organisations internationales telles que la Banque mondiale et le FMI, ainsi que des accords commerciaux tels que l’ACS, cette décision historique illustre bien dans quelle mesure la privatisation n’est tout simplement pas à la hauteur des attentes.
Cette annonce sera suivie de près par les responsables gouvernementaux, ainsi que par les militant(e)s syndicaux/ales et de la société civile du monde entier, et des différents secteurs où les sociétés privées continuent de tenter de profiter des services publics.
« Nous partagerons cela avec les autres pays qui comptent des prisons privatisées, notamment l’Afrique du Sud et l’Australie. Les sociétés à but lucratif n’ont pas leur place dans les services pénitenciers », a conclu la Secrétaire générale de l’ISP.