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Il est temps d'unir nos forces et de lutter pour la santé pour tous

29 Mars 2017
Rosa Pavanelli, PSI General Secretary
« La possession du meilleur état de santé qu'il est capable d'atteindre » est l'un des droits humains qui figure dans la déclaration de 1948, époque à laquelle l'Organisation mondiale de la Santé a été créée pour contribuer à y concourir. Ce principe a été repris dans la constitution de nombreux pays. Des avancées majeures ont été obtenues suite à cette déclaration, en particulier dans les pays industrialisés. Mais nous sommes encore très loin de garantir le droit humain qu'est l'accès à la santé pour tous, malgré plusieurs accord intergouvernementaux sur la couverture santé universelle.

Plus de 1 milliard de personnes vivent dans la pauvreté, sans accès à l'eau potable. La population sans accès à l'assainissement atteint même 2,6 milliards d'individus. Les enfants sont plus d'un millier à mourir chaque jour de maladies d'origine hydrique, lesquelles expliquent par ailleurs l'occupation de la moitié des lits d'hôpitaux à travers le monde.  Les guerres, les conflits internes et les changements climatiques continuent de faire des dizaines de milliers de victimes, sans parler des millions de personnes qu'ils jettent dans une détresse absolue. Les personnels de santé paient de leur vie leur présence aux avant-postes dans la lutte contre les désastres naturels, humains et épidémiologiques, car ils œuvrent souvent sans protection adéquate, ni rémunération, ainsi que l'ont montré les épidémies récentes d'Ébola, de Zika ou de MERS. Surmenés, avec des équipes sous-dimensionnées par rapport aux populations, victimes de maladies contractées dans le cadre de leur travail, les personnels de santé se sacrifient et ce lourd tribut n'est plus acceptable.

Nous avons constaté d'énormes efforts de privatisation, de libéralisation et de coupes budgétaires dans la santé et les services sociaux, engagés au nom d'un projet idéologique qui repose sur les outils du 'libre-échange', mais aussi sur des conditions 'd'aide' et facilités de crédit accordées par les organisations financières internationales. Derrière ces initiatives, toujours la promesse que les 'marchés' feront mieux que les états parce qu'ils sont supposés être plus efficaces et moins bureaucratiques. La marge de manœuvre politique laissée pour entretenir ce niveau modeste ou améliorer les services de santé a été réduite par les programmes d'ajustement structurel adoptés par les pays en développement dans les années 1980-1990. Toutefois, il est admis aujourd'hui que ces mesures ont conduit à un accroissement des inégalités et à une dégradation de la qualité des services de santé. Persister dans cette politique reviendrait à anéantir les progrès importants enregistrés ces dernières décennies dans les conditions de santé et l'espérance de vie, en particulier pour une large part de la population des pays en développement. 

Le sous-financement des services de santé publique oblige des centaines de millions de personnes à payer eux-mêmes des services de santé. D'après l'OMS, « environ 100 millions de personnes sont maintenues sous le seuil de pauvreté dans le monde chaque année en raison des dépenses de santé ». En résumé, le manque de soins de santé contribue à aggraver les inégalités et l'extrême pauvreté dans une société. 

Cela indique clairement le besoin essentiel d'une couverture publique et universelle de santé pour que cette dernière soit un droit humain réalisable. Jusqu'ici, c'est plutôt le contraire que nous avons vu pourtant. Au cours des quelques décennies qui viennent de s'écouler, le secteur sanitaire et social a été l'une des cibles favorites de la restructuration qui a vu une implication croissante des intérêts privés à but lucratif dans la fourniture de services de santé, avec le soutien explicite des gouvernements présenté sous l'appellation de réformes de santé.

Ce soutien revêt différentes formes de privatisation, dont le partenariat public-privé (PPP), mais se traduit aussi par des politiques qui poussent les sociétés transnationales à s'impliquer davantage dans la prestation d'assurance-maladie et la production pharmaceutique. Ces réformes de santé s'inscrivent dans le cadre de réformes budgétaires tridimensionnelles : instaurer des systèmes de contrôle budgétaire plus strict, fixer de nouvelles priorités dans l'affectation des ressources gouvernementales s'appuyant sur une impression de croissance limitée, améliorer l'utilisation des ressources pour finalement créer un état 'dégraissé'.

Il est possible de réorienter la politique en matière de santé pour qu'elle replace l'humain au-dessus du profit. Ces possibilités incluent les Objectifs de développement durable et le Plan d'action quinquennal « Emploi en santé et croissance économique ». Mais pour que cet ancrage institutionnel soit effectif, les syndicats, les organisations de la société civile et nos communautés doivent initier activement ce processus et unir leurs forces derrière un agenda commun pour une santé publique universelle.

C'est dans ce contexte qu'a été lancée la Campagne mondiale pour le droit humain à la santé de l'ISP lors de la réunion du Groupe de travail sur les services sociaux et de santé, à Genève, en décembre 2016. Nos affiliés présents dans différentes régions du monde ont engagé des actions et font avancer la campagne. Notre bulletin d'information Droit à la Santé est notre voix, notre façon de vous donner des nouvelles et de vous ouvrir des perspectives sur la campagne et les luttes menées à travers le monde pour imposer la santé comme un droit humain fondamental.

Je vous encourage à vous abonner au bulletin d'information et à nous envoyer vos contributions. Il est temps pour nous désormais de nous unir et de lutter pour la santé pour tous, qui s'inscrit dans notre combat pour que le peuple triomphe sur le profit. Ce qui passe par le partage de nos expériences et de nos idées. Unis et déterminés, nous vaincrons.

Rosa Pavanelli
Secrétaire générale de l'ISP

Cet article est extrait de Bulletin d’information « Droit à la Santé », numéro 01/2017. Abonnez-vous au bulletin. Envoyez-nous vos articles.

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