07 Septembre 2016
Une enquête menée au printemps 2016 par le KHMU, un affilié de l’ISP, sur les conditions de travail des professionnel(le)s de la santé révèle que la pénurie d’infirmiers/ères a conduit à l’instauration d’un système d’alternance des grossesses (8,4 %), ainsi qu’à l’augmentation du nombre de fausses-couches et d’enfants morts-nés (2,9 %).
20 950 travailleurs/euses employé(e)s dans 110 hôpitaux à travers le pays ont répondu à cette enquête.
Les résultats révèlent que :
- Sur les 6 474 personnes interrogées pouvant prétendre à un congé parental, seuls 41,3 % (2 671) ont déclaré prendre ce congé. Si 42,6 % des personnes employées dans les hôpitaux publics ont effectivement pris ce congé, seuls 38,8 % des travailleurs/euses exerçant dans des établissements privés en ont profité. La durée moyenne de ces congés s’élève en outre à 10,8 mois, soit moins d’un an.
- 20,7 % des travailleurs/euses n’ayant pas pris ce congé parental ont imputé ce choix à la pénurie de personnel ainsi qu’à la charge supplémentaire qui aurait reposé sur leurs collègues, et 23,8 % ont pointé du doigt la pression tacite au sein même des hôpitaux.
- En Corée, les travailleuses ont droit à un congé menstruel une fois par mois, conformément à la loi sur les normes du travail. Cependant, le nombre moyen de jours de congé menstruel utilisés s’élève à 4,9 jours par an (5,2 jours dans les hôpitaux publics et 4,7 jours dans les hôpitaux privés).
- En ce qui concerne les grossesses et les accouchements, 3,8 % des travailleuses interrogées ont déclaré recourir à un moyen de contraception, 8,4 % ont été contraintes de suivre le système d’alternance des grossesses, 3,6 % ont travaillé de nuit pendant leur grossesse, et 2,9 % ont fait une fausse couche ou ont donné naissance à un enfant mort-né. Tout ceci est dû à la pénurie de personnel dans le domaine des soins de santé.
- Dans les pays de l’OCDE, le ratio moyen infirmier/ère-patient(e)s est de 9,3 pour 1000. En Corée, en revanche, ce ratio n’est que de 4,8 infirmiers/ères pour 1 000 patient(e)s (assistant(e)s compris(e)s), soit la moitié de la moyenne de l’OCDE. Les jeunes travailleuses se voient contraintes de quitter leur emploi après avoir accouché pour s’occuper de leur enfant, dans la mesure où il n’existe aucune réglementation les protégeant au sein des hôpitaux. En 2015, sur les 307 797 infirmiers/ères agréé(e)s, seul(e)s 135 400 étaient en service (soit seulement 44 % du nombre total d’infirmiers/ères qualifié(e)s).
- Le gouvernement met actuellement en œuvre une politique de « réduction des heures de travail pendant la grossesse », entrée en vigueur en mars 2016. Cette politique prévoit que chaque hôpital diminue le nombre d’heures prestées par les travailleuses enceintes de 2 heures maximum par jour, à la demande de la travailleuse. Seuls 11,6 % des hôpitaux ont toutefois déclaré avoir réellement appliqué cette politique. Pour les hôpitaux censés rester ouverts 24h/24 et 7j/7, cette politique ne s’avère pas pratique.
- A la suite des résultats de cette enquête, le KHMU a décidé d’agir davantage en faveur de l’extension de la protection de la maternité. Le syndicat compte promouvoir un « système d’emploi prenant en compte l’éventuelle pénurie de personnel engendrée par les congés de maternité ou parentaux », afin que les hôpitaux puissent embaucher et conserver une main d’œuvre suffisante en toutes circonstances.
Le KHMU organisera en outre une série d’actions de grève fin septembre afin de réclamer un nombre suffisant de professionnel(le)s de la santé dans les hôpitaux.